Il était magnifique, assis là, sur ce petit tabouret de cuivre. Fredonnant une douce mélodie dont j'ignorais l'existence, il ne prenait même pas conscience que derrière lui se trouvait sa plus grande fan, une admiratrice plus que spécial. Il gardait toujours ce sourire si chaleureux sur ses lèvres délicieusement sucrées lors des concert. Même s'il n'allait pas à son meilleur, il n'arrivait jamais sur la scène, l'envie de ne pas chanter lui traversant la tête. Il aimait ce qu'il fesait, c'était évident. Et puis Bill avait ce regard. Ce regard qui te fait fondre à chaque fois qu'il se pose sur toi ainsi que ta silhouette. Ce regard noisette. Même si présentement, ils étaient closent, dût à la concentration qu'il avait pour ce qu'il aimait le plus faire, je pouvais très bien me les imaginer dans ma tête, dans mes pensées. Il l'avait si souvent poser sur moi. Et même si pratiquement toutes les semaines, il me regardait, sa me manquait de ne plus les voirs dans le moment présent. Allez Bill, regarde-moi. Je suis là, juste derrière toi, t'admirant de plus, encore une fois. Comme à l'habitude en faites. C'est que tu es, en quelques sortes, mon modèle, mon idol. Ta voix est ennivrante, ton courage, quant à lui, est plus que dur comme le fer. Je n'ose pas prononcer le moindre mots. J'ai excessivement peur de le déranger dans ce moment de concentration. De faire éclater cette bulle qui l'entourait fermement le temps d'une courte chanson. Les quelques minutes qui lui permit de me prouver pour la énième fois qu'il chantait comme un ange me parait éternel. Comme si elle n'avait aucune fin. Comme si elle ne s'achèverait jamais. Du coup, je ne savais plus vraiment pour quelle raison j'étais ici, appuyer sur le mur qui se trouvait juste derrière cet être si gentil et merveilleux. Peut-être avait-il envie de rester seul durant cette mince période de temps.. Je n'en avais aucune idée. Normalement, j'aurais pu déceler par lui et la façon dont il positionne son corps s'il préfèrait rester seul mais puisqu'il était de dos à moi, je n'avais absolument aucun repère pour m'aider sur ce point. Oui, il voulait certainement rester seul ce matin. C'est que lorsque l'on partit des Poison Prince, en particulier quand nous sommes le chanteur, il faut savoir faire plusieurs sacrifices. entre autres, concentrer la majorité de son temps pour faire de la musique. Alors, bien évidemment, il faut systématiquement aimer la musique, en manger matin, midi et soir. être mordus de cette merveilleuse passion. Seulement, je sais parfaitement de quoi je parle. Parce que moi, je l'ai, cette passion si merveilleuse. Et Bill également. Nous étions deux chanteurs célèbres. Nous étions deux chanteurs qui adorions littéralement ce que nous fesions continuellement, jours après jours. Alors, nous avions ce liens spécial qui nous unissait. Ce liens quie tout le monde voudrait avoir avec quelqu'un dont il aime de tout son coeur. Mais je n'aime pas Bill. Et probablement qu'il ne m'aime pas lui non plus. Seulement, j'ai cette sensation spécial lorsque nous sommes ensemble. Depuis le début de ma carrière dans le populaire grope des Shooting Queens, je ne veux plus d'une relation à long terme. Pourquoi ? Simplement parce que désormais rendue célèbre, j'ai beaucoup de difficulté à dinstinguer les vrais des faux amis. La plupart des gens ici, à Vegas, ne pense qu'à la célébrité, qu'à l'argent. Alors il est encore plus difficile de trouver notre âme soeur dans cette ville si vaste qui ne dort jamais, en particulier la nuit.

Pendant que mes pensées nombreuses se dessinait rapidement dans ma tête, j'avais cette douce mélodie qui chatouillait mes oreilles. Seulement, elle s'achava, malheureusement. Eh oui, Bill avait finalement terminé de chanter avec sa voix d'ange. Pratiquement deux centièmes de secondes après, je chercha comment lui faire savoir que j'étais ici depuis un moment. Et puis, n'étais-je pas censé partir ? Bref, il faut simplement croire que mes pensées m'avaient prit toutes mon attention. Je regarda dans la magnifique pièce, cherchant désespéremment un objet qui pourrait peut-être me permettre de trouver une action à poser. Cymballes. Tappage de cymballes. Applaudissement. Pourquoi ne pas l'applaudir ? Il était merveilleux après tout.Donc, je me mis à applaudir automatiquement. Sur le coup, il sursauta légèrement, l'air vraisemblablement étonné de me voir ainsi.Il soulava sa main droite, me fesant un léger signe de la main. Très mignon.« Oh c'est toi ! Euhm...euh... Salut ? »

« C'était magnifique. » murmurai-je, en un simple et unique soupir.

Je ne cherchais pas à me faire prendre pour une fan excessivement vraie. Je voulais juste qu'il sache que ce qu'il fesait, je trouvais ça réellement magnifique et que je n'étais certainement pas la seule à penser la même chose. En faites, il y avait probablement des milliers d'autres fillettes comme jeune femme qui rêvait à lui le soir. Qui connaissait par coeur absolument toutes les paroles de toutes ses chansons. Mais bon, tout ce que je voulais, c'était être fan à ma façon, simplement. Je m'approcha lentement de lui, ne sachant toujours pas quoi faire. Mes mains se colla comme si ceux-ci étaient émantés.

« C'est une nouvelle création ? » Dis-je tout en m'asseyant sur un des tabourets qui se trouvait juste à côté de Bill.

« La musique est un fleuve. Un fleuve avide qui coule et enfle comme en temps de crue, qui gonfle, prend de plus en plus de place, et envahit chaque fissure de la terre. Et cette terre, auparavant assoiffée, c'est moi. Je ne peux survivre sans les notes, mais les notes peuvent survivre sans moi parce qu'il y a tant d'autres personnes que moi qui les reprennent au jour le jour, les portent au plus haut sommet de leur gloire. Et pourtant, je veux, j'ai besoin d'ajouter ma propre contribution toute la musique qui existe sur Terre. Plus je fais ce métier et plus je me rends compte que cela m'est vital. À un tel point que rien ne réussirait à m'empêcher de monter sur scène pour satisfaire le public, pour répondre à leurs attentes. Rien. Pas même la maladie, une blessure ou la fatigue. Pas même l'exaspération. En fait, même pas la discorde entre les membres ne pourraient me mettre des bâtons dans les roues. Et peu importe ce qu'il arrivera, je serai toujours au rendez-vous, et heureux de l'être. Parce que peu importe ce que la vie mettra dans mon chemin, peu importe qu'elle épreuve je devrai vivre, la musique sera toujours un baume. Que ce soit sur mon âme meurtrie par la tristesse, envahie par la colère, brûlée par la jalousie. La musique sera toujours et à jamais un échappatoire à ma vie, qu'elle ait été massacrée ou qu'elle se porte à merveilles. Pourquoi cela, je ne saurais l'expliquer à personne. Peut-être parce que lorsque je chante devant des milliers de gens je me sens supporté par ces même personnes ? Ou encore parce que j'espère rejoindre des gens malheureux par les paroles de mes mélodies, les aider à s'identifier à des cas semblable aux leurs ? Non, je crois - ou plutôt je sais- que la raison est beaucoup plus égoïste. Chanter me fait plaisir. Simplement. Laisser ma voix flotter dans l'air me plaît, me calme. Ça efface tout le mal dans ma vie. Rien de plus, rien de moins. Oh, bien sûr, je ne confonds pas mon travail et mon passe-temps, parce que, bien que ce soit la même chose en apparence, il y a infiniment plus d'enjeux lorsque je me retrouve devant une foule qui crie à mon entrée, lorsque je sens cette poussée d'adrénaline caractéristique envahir mon corps, lorsque finalement la musique remplace tout ce que je suis. Au contraire, lorsque je chante pour moi-même et non pour les autres, rien d'autre ne compte que ma petite bulle. Or, retirez-moi mon groupe et je survivrai. Certes je serai momentanément triste, mais la perte ne me tuera pas. Retirez-moi ma voix et c'est certain que j'en mourrai. Ce serait comme m'enlever le coeur ou encore les poumons, sauf que ce serait infiniment plus cruel. Ce serait de l'intérieur que je mourrais à petit feu. Vous ignorez à quel point ce que je fais est partie prenante de moi-même. Effacez le chant de ma vie et je serai l'homme le plus malheureux sur Terre... »

Dans ces quelques secondes qui avaient suivi le silence dans la pièce, c'était la réflexion qui avait surgit dans l'esprit de Bill. Je serai l'homme le plus malheureux sur Terre... Oui, il n'y avait aucun doute sur la justesse de ces paroles. Ou plutôt de ces pensées. Le chant, la musique, les mélodies, c'était lui. Rien de plus, rien de moins. Lui. Et c'est ce qu'il offrait aux fans, pour ce que cela valait. Il fixait maintenant le visage presque ému d'October qui murmura tout bas: « C'était magnifique. » Il sourit mais ne répondit rien. Il ne s'attendait pas à rien d'autre de la jeune chanteuse. Elle était une des fans les plus assidues du groupe. Et pourtant, il espérait qu'elle était plus fan de lui que des autres. Bah si, je parle bien du gars qui a une centaine de groupies à ses pieds, prêtes à tout pour obtenir une miette de son attention ou encore le 10e autographes obtenu cette année-là. Bien sûr qu'elles lui tapaient sur les nerfs, ces filles, à toujours quémander comme si elles étaient seules qui comptent. Ou encore qui se disaient fans sans même connaître un seul de leur titre de chanson. Mais tout était différent avec October. Elle appréciait vraiment ce qu'ils faisaient. À un tel point que si un jour il venait à douter de quoi que ce soit concernant sa musique il saurait vers qui se tourner, à part peut-être Tom. Elle était comme un vent de fraîcheur, donnant sincèrement son opinion sans faux-semblant où rien de ce type. « C'est une nouvelle création ? » Perdu dans ses pensées comme il l'avait été, il n'avait même pas remarqué qu'elle était maintenant assise à côté de lui, sur un autre tabouret.

« Oui et non. Un truc que j'ai écrit et qu'on a mis sur un début de mélodie moi et Tom. Mais les deux autres ne l'ont pas encore entendue. »

Une vague de nostalgie l'envahit au souvenir de ces soirées, de ces nuits même qu'ils passaient tous les deux à composer. Un instant il eut même envie de ne pas montrer la pièce à Matt et Sasha. Les jumeaux ne gardaient presque plus de musique pour eux deux seulement. Et, en cette instant, cela lui manquait. C'était sans doute ce qu'il préférait d'autrefois. Pouvoir discuter mélodie et notes seulement avec Tom. Parce qu'ils voyaient tellement semblable. Les deux autres qui formaient le groupe avaient parfois des idées différentes et, généralement, cela changeait la musique première de la pièce. Pas tant que ça, mais juste assez pour qu'on puisse l'entendre. Il soupira légèrement, de manière à peine audible et se tourna vers October en lui souriant calmement.

« Ça t'a plu ? »

Il la regardait toujours, en quête de sa réponse. Elle s'approcha. Quelques centimètres. Il sentit son coeur s'accélérer. Comme s'il avait couru un marathon de plusieurs kilomètres. Puis il manqua un battement. Comment Bill arrivait-il à rester stoïque alors que ces mains étaient maintenant posées tout contre son dos et en traçaient verticalement la ligne ? Il n'en savait rien. En fait, il ne connaissait plus rien. Son esprit semblait incapable de formuler une pensée cohérente et évoquait simplement un espace blanc sans utilité. Étonnant que l'amour soit qualifié de bénéfique pour la santé. En cet instant, il se sentait plutôt au bord de l'évanouissement qu'autre chose. Manque d'air, coeur qui bat trop vite ou semble s'arrêter complètement pour de courtes périodes et repart en sursaut pour une autre course folle. Puis tout se remit à fonctionner normalement lorsqu'il plongea son regard dans celui d'October. Des yeux verts, nuancés de différentes teintes. On aurait dit que les milliers de points qui formaient le tout possédaient tous leur propre couleur. C'était sans aucun doute ce qui ajoutait cet effet de lumière qu'il avait si souvent aperçu de loin. Il se souvenait des maintes fois où ils s'étaient croisés sans qu'il ne puisse vraiment regarder au fond de ces prunelles. Et maintenant il avait la chance de le faire, à l'abri des regards, loin des flashes aveuglants de caméras indiscrètes, loin des foules en délire. Il se sentait bien maintenant, juste au bon endroit. Sa respiration saccadée se calma et il plongea dans ces deux lacs pers qui le fixaient aussi. À son tour il se rapprocha, posant une main sur l'épaule droite de la chanteuse et l'autre sur sa hanche. « C'était tout simplement magnifique. » La réponse qui semblait avoir tant d'importance il y a quelques instants s'envola, lègère dans l'air. Quelle question stupide à poser ! Bien sûr que ça lui avait plu, pourquoi serait-elle resté autrement ?

Il mourait d'envie de l'embrasser. On aurait dit qu'elles l'invitaient à le faire. En fait, il lui semblait que leurs deux êtres étaient accordés, que chacun de leurs désirs étaient parfaitement identiques. Leurs êtres vibraient au même rythme, à la même musique qu'eux seuls entendaient. Mais le bonheur est bien éphémère et en un instant le leur éclata comme une bulle de savon. Bill ne pouvait se laisser aller. Parce qu'il était le chanteur des Poisons Princes, parce qu'il était une vedette, parce que... tellement de choses. Parce qu'elle n'était pas juste une femme, parce qu'elle était presque -sinon aussi- connue que lui... Parce qu'il s'appelait Bill Anderson et qu'elle était October Wilson. Parce que leur relation serait dans tous les journaux et qu'ils n'auraient plus jamais la paix. Pourtant, jamais il ne s'était conformé à ce qu'il était permis et ce qu'il était interdit dans l'esprit de la majorité. Alors pourquoi commencer maintenant ? Sans doute que s'il était le seul à se mettre en jeu, il se serait déjà jeté la tête la première dans ce baiser qu'il souhaitait ardemment mais la seule pensée de détruire ses trois meilleurs amis le rendait malade. S'il devait commettre une gaffe, il ne voulait pas que Tom, Matt ou Sasha ne s'y retrouve mêlé. Sauf que... pouvait-on réellement lui en vouloir parce qu'il était tombé en amour ? Il pouvait difficilement le croire. Si tout le monde y avait droit, pourquoi eux non ? Ce n'était pas parce qu'ils étaient célèbres qu'ils ne pouvaient s'aimer... n'est-ce pas ? Alors il sut. Il sut ce qu'il allait faire avec une clarté inouïe. Lentement, presque imperceptiblement il s'approcha d'elle. Un centimètre à la fois. Au ralenti. Jusqu'à ce que leurs lèvres ne se touchent. Finalement.

C'est incroyable comme un simple regard peut tout expliquer et ce, en l'espace de quelques minutes voir même quelques secondes. Dans ces deux pupilles de couleurs changeantes, la plupart des gens peuvent savoir comment l'autre se sent, qu'est-ce qu'il ressent. En effet, plusieurs démarches scientifiques ont étés faites et grâce à tout ce travail acharné, il est maintenant possible de déterminer par un simple regard s'il serait correcte de s'accrocher à l'autre, de ressentir quelques choses de fort pour lui ou pour elle. Je dois avouer que lorsque je plonge - plutôt rarement - mon regard dans celui de Bill, je ne sais point quoi penser. Avec le temps, j'ai appris que cet homme au style androgyne était difficile à comprendre. Impossible ou presque de savoir ce qu'il pense de quelqu'un ou d'une situation quelconque. Pourtant, même s'il est compliqué d'accéder à son cœur, Bill reste quelqu'un qu'il faut impérativement apprendre à connaître. Ne pas le brusquer et attendre qu'il soit prêt est une chose primordial à savoir su vous désirez un relation plus intime avec lui. Selon moi, connaître le vrai chanteur des Poison Prince vous prendras du temps et vous aurez très certainement besoin de patience ainsi que de sagesse, quoi qu'il peut arriver qu'il se dévoile sous son vrai jours et se donne corps et âme à vous. Moi, j'ai appris. Appris à connaître ce merveilleux androgyne aux talents exceptionnels. Appris à comprendre cet homme difficilement et rarement compris. Appris, malgré la célébrité et le manque de temps, à être avec lui. Et je ne regrette absolument rien de tout ça. Malgré le qu'il a été long et ardus de passer toutes les étapes, j'ai enfin pu atteindre le cœur de Bill si bien protéger. Mais, malgré cette épaisse couche qui nous paraît indestructible, ce chanteur reste exceptionnel, doux et surtout, attentif. Comme je le disais plus tôt, j'ai appris beaucoup avec Bill. Par contre, même aujourd'hui, j'ai encore plusieurs choses à apprendre sur lui. Il est tout simplement imprévisible. Je dois apprendre à accepter le fait qu'il lui est difficile de décevoir les gens. Je dois surtout apprendre à respirer sans lui. Continuer de vivre. Ne pas m'accrocher et chuter une fois qu'il me dira que nous deux, ça n'ira pas plus loin que de la pur complicité entres chanteur. Respirer, avec ou sans lui. Juste respirer. J'ai pris le risque de m'accrocher à lui, de connaître le véritable Bill. Maintenant, je ne peux plus m'en défaire.

Toujours en train de faire des dessins imaginaires dans son dos légèrement osseux, mes pensées sont brusquement coupées. Un toucher, deux toucher. Il posa une main sur mon épaule et l'autre su ma hanche. Épidémie de frisson. Il n'avait rien à dire, rien à me demander. Il savait que s'il le voulait, je serais là pour l'accompagner dans ses moindres mouvement. J'ai soudainement chaud, terriblement chaud. Ça en devient insupportable. Bill s'approche de moi mais en cours de route, semble incertain de l'action importante qu'il s'apprêtait à faire. L'instant d'une seconde, la honte recouvre mon corps. Je fige, ignore quoi faire. Bill s'avance de plus bel, finalement décidé. Je ne bouge toujours pas. Je ne sais pas quoi faire. Nos lèvres, lentement, très lentement se touchent. Pour la première fois. Bill Anderson embrasse présentement October Wilson. Mais qui aurait pensé voir une telle chose. Le célèbre chanteur des Poison Princes et la célèbre chanteuse des Shooting Queens. Ce n'était pas possible. Si, théoriquement, c'était possible mais à Las Vegas, ces deux chanteurs ne pouvaient tout simplement pas se permettre un tel geste. Interrompant ce magnifique premier baiser, je ne pus m'empêcher de me rassurer.

Posant une main sur son torse, je plongea un énième fois mon regard dans l siens, cherchant véritablement un dernier espoir. Dit-le Bill que tu prends le risque de recevoir quelques insultes. Que tu veuilles continuer ce baiser qui était absolument délicieux. Que tu veuilles de moi, bien évidemment.

« Et à cet instant, j'ai effleuré le Paradis. » Voilà comment il aurait décrit ce qu'il venait de vivre. Ce qu'il vivait encore maintenant. Ces quelques mots résumaient à la perfection ce qu'il ressentait lorsque leurs lèvres étaient réunies. Un feu d'artifices de joie avait explosé à la seconde où ils avaient finalement réuni leur amour. C'était comme une main puissante qui s'empare de vous et vous secoue dans tous les sens pour vous laisser pantelant et essoufflé lorsqu'elle vous accorde enfin un répit. C'était un sentiment qui vous prend violemment au ventre et le tord sans pitié. Mais c'était loin d'être désagréable. Bien au contraire, il était prêt à le revivre encore et encore. Il aimait cette impression d'être en apnée pour un très long moment. Il aimait cette impression d'avoir la tête qui tourne violemment. Il aimait se sentir faiblir à chaque seconde qui passe. Il aimait sentir le pouvoir qu'elle possédait sur chaque fibre de son être. La sentir trembler sous ses mains et s'efforcer de contrôler ses propres frémissements. Il se sentait ivre, presque drogué. Des vertiges incontrôlables le prenaient. Drogué... Le mot résonna quelques fois dans son esprit court-circuité. Oui, voilà le mot. Maintenant, dès qu'il s'éloignerait d'Elle, il ne pourrait s'empêcher de vouloir la revoir. Un jour ou l'autre, ils se retrouveraient. Même s'ils ne le voulaient pas. Comme du métal revient à un aimant. Comme un objet lancé dans les airs revient au sol. Comme le karma est rendu à son propriétaire. Comme l'amour revient à celui qui le veut. Jusqu'à quel point était-elle rendue importante dans sa vie ? Il l'ignorait. Il savait juste qu'à chaque seconde que durait ce baiser, elle gagnait du terrain sur son coeur; qu'à chaque minute qui s'envolait, il avait de plus en plus de difficulté à imaginer mettre fin à ce baiser. Il avait envie de continuer à l'embrasser encore et encore, jusqu'à en mourir étouffé sous le manque d'air. Soudain, elle se recula de leur étreinte, et le fixa de son regard vert. Dieu que ces prunelles étaient captivantes ! Il aurait pu continuer à les fixer encore et encore et encore, sans répit aucun. Mais quelques mots le tirèrent de sa rêverie éveillée. « Es-tu sur de ce que tu fais ? » Il sourit. Elle avait demandé d'une toute petite voix, presque enfantine. Parfois, il lui semblait que la jeune femme avait deux côté à sa personnalité: la chanteuse très sûre d'elle-même, certaine de chacun de ses gestes et ne doutant pas le moins du monde des autres. Et puis il y avait cette facette qu'elle venait de laisser entrevoir: celle de la petite fille qui prenait parfois le dessus. La petite fille qui a besoin d'être rassurée de temps à autres pour pouvoir continuer à jouer la grande. Ou peut-être que celle qu'elle était vraiment était un savant mélange des deux, sans qu'un des caractères ne soit plus fort que l'autre. Peut-être bien que dans chacune des décisions qu'elle prenait, la petite et la grande fille étaient omniprésentes...



Et c'était la vérité. D'un côté, un de ses plus grands rêves venait de se réaliser. Oui, car c'était bien un rêve que d'embrasser October Wilson, au même titre que celui de devenir célèbre dans le monde de la musique. Il savait pertinemment que dès que la nouvelle sortirait, la moitié de la Las Vegas les condamnerait. Et que plusieurs filles seraient déçues de ne pas avoir été l'heureuse élue, celle choisie par le chanteur des Poison Princes qu'elles idolâtraient presque à la folie. Une vague de mélancolie l'envahit. Non, vraiment, il ignorait ce qu'il faisait. Mais il n'avait pas peur. Là était la nuance. Il avait plongé sans vraiment réfléchir aux conséquences, mais il ne les craignait pas. Peut importe où cela le mènerait, il ne reviendrait pas sur sa décision. Même si cela signifiait la chute de sa carrière. Il prit soudain conscience qu'il s'était très mal exprimé, sans doute à cause du voile sombre qui venait de s'abatte sur les deux forêts qui le regardaient toujours. Le condamnaient maintenant de leur tristesse muette. Il pencha la tête de côté, cherchant rapidement les mots qu'il pouvait utiliser pour se justifier. Pour lui expliquer. Mais ne dit-on pas que les gestes valent tous les mots du monde ? Il s'approcha de nouveau et posa ses lèvres sur celle de la chanteuse. Quelques secondes. Rien de plus. Rien de moins. Quelques secondes, c'est tout. Puis il se recula. Juste un peu, toutefois.

Le bonheur n'est jamais bien loin. Nous le cherchons éperdument mais si nous prenions le temps de bien regarder autour de soi, on verrait qu'il n'est pas aussi loin qu'on le prétendait précédemment. La preuve; moi, j'avais trouvé le bonheur et il se trouvait présentement devant moi. Nos lèvres se touchant de plus bel et ce, pour la toute première fois, je ne pouvais tout simplement pas croire ce qui se passait. En effet, je n'aurais jamais pensé embrassé un jour le célèbre chanteur des Poison prince. Étant la chanteuse des Shooting queens, soit le deuxième groupe le plus en vogue du pays, je ne pouvais pas, en quelques sortes, me permettre de m'attacher à quelqu'un de ce calibre. Pas Bill Anderson, surtout pas lui.. Certes, j'ai toujours voulus tomber éperdument en amour avec quelqu'un mais pour le moment, ne pas décevoir mes fans étaient l'une de mes priorités. Après tout, ils font, chaque jours, absolument tout pour moi et le reste du groupe. Mais il est tellement difficile de ne pas s'attacher à quelqu'un comme Bill ! Il propage le bonheur partout ou il va et il est vrai. Il sait dire non à l'hypocrisie et à tous ces mensonges qui nous entourent presque constamment désormais. J'aurais tellement envie, vraiment, en ce moment même, de me laisser aller. De me faire bercer par sa voix angélique jours après jours, soir après soir. De ne pas me soucier des opinions des autres. D'écouter ce que mon cœur me cri depuis que j'ai croisé pour la première fois le regard de Bill. Seulement, lorsque nous nous appelons October Wilson et Bill Anderson, il était plutôt difficile de fréquenter qui l'on voulait, de voir qui l'on souhaitait. Mais qu'allait penser la presse ? Les fans, comment allaient-ils réagirent à se changement ? Par contre, les photographes, quant à eux, allait probablement se réjouir de cette énorme nouvelle. Mais surtout, comment allait réagir le reste de nos deux groupes bien différents ? Certes, Ils n'étaient pas des ennemis mais je sais pertinemment qu'elles n'allaient pas réagir positivement à la situation. Les poison prince étaient nos plus grand compétiteur, il ne fallait surtout pas l'oublier.

« Non. Je ne sais pas ce que je fais. » M'avait-il dit en prenant tranquillement son souffle. Mais qu'est-ce qu'il ne savait pas au juste ? Mon cœur commençant déjà à battre à la chamade, j'avais terriblement peur. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il savait ce que je ressentais pour lui. Parce que je venais de me donner à lui et surtout, je m'embarquais à l'instant dans une histoire d'amour qui promettait d'être lourde en émotion. Rapidement, mon cœur s'affole, ne veut plus cesser de battre à la chamade. Refuse systématiquement de se calmer quelques instant, le temps que je me retienne pour ne pas tomber. Mais il m'embrassa de nouveau. Un petit mais délicat baiser, le temps que je comprenne qu'il ne savait pas ce qu'il fessait, certes, mais qu'au moins, il prenait conscience de ses actes. À l'aide de mes deux mains, je touche son visage, son magnifique visage et l'examine attentivement. Son front parfaitement lisse, son maquillage dessiné à la perfection. Malgré l'épaisse couche de noir que Bill avait sur ses yeux d'un brun très foncé, il restait terriblement beau. une peau douce et satinée, des lèvres pulpeuses ayant un goûts légèrement sucrés, un piercing au sourcil droit. Rêvais-je ? Un minuscule sourire se dessina sur mes délicates lèvres. Un sourire de bonheur, de plaisir. Bill ressentait quelques chose de fort. Je ne pourrais dire si c'est de l'amour, mais dans son cœur, je suis pratiquement sur qu'il ressent exactement la même chose pour moi. Qu'il a ce même pincement au cœur lorsqu'il me voit. Qu'il a l'estomac complètement renversé en ma présence. J'espère sincèrement que c'est vrai car moi, je n'ai pas envie de m'attacher à quelqu'un qui ne ressent rien pour moi. Moi, October Wilson, j'ai pris le risque d'être en amour avec le célèbre Bill Anderson.

Plusieurs prétendent qu'il est dur de trouver le bonheur lorsqu'on est la proie de photographes sans scrupule cherchant à révéler vos secrets à la face du monde. Certes, parfois il est dur de s'adapter à ce type de vie, et certains n'ont tout simplement pas la force de caractère nécessaire pour vivre dans ce monde dépravé et hypocrite - et pour s'en sortir indemne. Certains, pourtant, réussissent à rester eux-mêmes au prix d'efforts incroyables. Ils parviennent à être encore ceux qu'ils étaient avant que le succès ne croise leur chemin et ne change leur vie à jamais. Car oui, quelques uns ont découvert le secret celui du vrai bonheur. Ils ont bien vite compris que tout est éphémère, que tout doit finir un jour. Alors ils saisissent chaque miette de bonheur qu'ils peuvent trouver. Chaque chose devient alors une joie et la vie se déroule devant eux, belle et ensoleillée. Bill faisait partie de ce groupe de personne qui savait. Et il profitait pleinement de ce privilège qu'il possédait. Il s'efforçait de vivre pour la minute présente, même si son esprit semblait toujours s'envoler vers un ailleurs lointain. Il en allait de même pour la gloire. Il la savourait maintenant, pour ne pas trop la regretter le jour où elle disparaîtrait. Un jour ils ne seraient plus que des inconnus anonymes parmi tant d'autres, anciennes coqueluches de Las Vegas réduites à néant par de nouveaux idéaux musicaux. Personne n'y échappe, jamais, parce que la musique change, évolue, se transforme et s'améliore. Personne n'est donc éternel...

Et, autant l'idée d'un avenir dénué de mélodie effrayait Bill, autant il savait qu'un jour ou l'autre, cela arriverait. Et, à ce moment, il ferait face bravement. De toute façon, il chanterait toujours, même si ce n'était que pour lui - ou pour les personnes qui lui étaient chères... lesquelles incluaient maintenant October. Un court instant, il se perdit dans un tourbillon de pensées. Un si minuscule instant, il imagina ce que ce serait s'ils étaient tous les deux de simples humains comme les autres. S'ils ne faisaient pas partie de ces gens qui sont reconnus, adulés, idolâtrés même. Ils pourraient sortir ensemble ; au cinéma, au restaurant, voire pour une simple promenade à la tombée de la nuit, là où la ville semble se réveiller. Ils pourraient se rendre visite, sans avoir peur de figurer à la première page du journal du lendemain en tant que nouveau scandale... Tout ce qu'ils voulaient, ils pourraient le réaliser. Mais bien sûr, tout cela n'était qu'un rêve. Une magnifique bulle d'espoir qui éclaterait dès qu'elle effleurerait la réalité. Ce qui d'ailleurs, lui faisait penser qu'il valait mieux garder secrète toute évolution de leur relation. Autant parce qu'ils étaient des compétiteurs dans la vie de tous les jours que parce que quantité d'obstacles allaient se dresser sur leur chemin. Le premier, notamment, serait sûrement leur métier et le reste de leurs groupes respectifs. Personnellement, l'androgyne se doutait que son frère serait juste heureux pour lui et ne dirait rien, mais il doutait que les deux autres apprécient... Il secoua lentement la tête de droite à gauche, vaguement découragé.

Ça n'allait pas être facile. Même que, bien au contraire, en y réfléchissant trois secondes, il voyait plein de problèmes défiler devant ses yeux. Oui mais... et si leur amour était plus fort que les qu'en-dira-t-on ? Et s'ils pouvaient passer au travers de la mentalité arriérée de la société et se retrouver ensemble au bout du compte ? Après tout, presque rien de ce que Bill avait aujourd'hui ne lui était venu facilement. Certes, ça n'avait pas été complètement ardu, et il y avait eu une certaine dose de chance dans tout ça, mais il avait travaillé pour obtenir ce qu'il voulait. Si ce n'était que pour passer par-dessus les préjugés... Soudain, toute sa détermination lui revint. Il replongea son regard qu'il avait momentanément écarté de celui d'October et posa délicatement une main sur sa joue pâle. Tout naturellement, comme s'il supposait qu'elle avait pu suivre le tourbillon de pensées qui tempêtait dans son esprit quelques secondes plus tôt, il lui murmura doucement sa confidence: