Ah, plaisirs, doux plaisirs de grasse matinée. Il est rare pour de simples humains de ne pas apprécier cet acte luxueux et terriblement avide de paresse. Eh bien, Tristan est un humain. Rien de plus, rien de moins qu’un humain et aujourd’hui, il a décidé de céder à cette tentante oisiveté, n’ayant pas de cours et pas grand-chose à faire. Il se leva donc aux alentours de deux heures de l’après-midi, réveillé par le bruit que provoquait quotidiennement sa colocataire, Faith. Ce bruit, il n’avait pas à le supporter d’habitude, puisqu’à quatorze heures, il n’était que très peu souvent dans sa chambre. À cette heure, il était parfois à la cafétéria, en cours ou alors dans les salles de répétitions. Parfois même, il sortait à cette heure, mais là, il était assis sur son lit, émergeant d’un sommeil très profond. Se faisant au réalisme de son réveil et ne réussissant pas à se rendormir, il commença à se préparer.
Il esquissa un bonjour à Faith avec une voix cassée, puis il s’en alla vers les douches, avec ses affaires. Après avoir fait sa toilette bien proprement et après s’être totalement préparé, il chercha quoi faire. Il ne voulait pas travailler aujourd’hui, pour une raison inconnue, il avait décidé que cette journée serait son sabbat. Il avait un besoin absolu de détente. Comment se détendre sans travailler ? C’était à présent la question qui trônait au-dessus des autres. Il alla à la bibliothèque et lu son roman préféré « Le petit Prince », écrit par Antoine de Saint-Exupéry. Il reçut un message alors qu’il allait terminer le livre pour l’énième fois.

« Sors de ton trou marmotte. »

Soit. Pourquoi pas après tout ? Alors il finit son livre et partit en ville. Il fit les boutiques, visita un peu la ville qui n’avait de cesse de changer, appréciant le spectacle continuel, entre artistes de rues, lumières, néons et modernité architecturale et lorsque sonnèrent les vingt heures, il rentra pour ranger ses quelques achats. Voyant le désordre terrible qui régnait dans sa partie de chambre, il se dit qu’il rangerait un de ces jours, une fois de plus. Puis, il eut comme une poussée et sa chambre se fit propre et impeccable en moins de trente minutes. Il était pratiquement vingt et une heures à présent. Il se changea après être repassé à la douche, décidant de repartir en ville boire un verre puis peut-être faire suivre avec une virée en boîte ou les deux. Il n’avait pas eu de relations sexuelles depuis bien deux semaines ! Ça le mettait dans un état des plus étranges : Cette subite remontée de paresse ou encore l’envie de rangement intensif en étaient les exemples.
Les regards se tournaient de temps en temps sur Tristan, son style était assez particulier. Un sourire en coin lui donnait un air inaccessible et il adorait ça. Une ambiance des plus entraînantes régnait dans la ville, qui commençait tout juste à sortir ses plus belles flammes, il devait bien être vingt-deux heures. Le spectacle émerveillait et donnait un côté éveillé à la ville. Il venait de garer sa voiture dans le parking du Skanight. Il arriva devant la célèbre boîte, il avait un peu d’avance, mais n’était pas seul non plus. Il paya l’entrée, le vestiaire. Il n’y avait personne sur la piste, seules quelques personnes traînaient autour, sur les fauteuils, les enceintes, à côté des barres. Son marcel blanc réagissait aux néons et on distribuait à l’entrée de la peinture fluo, il prit du vert et du bleu et les glissait dans la poche puis s’assit au bar. Il commanda un vodka-redbull. « Plus de red que de vodka s’il vous plaît. » La barmen sourit à son accent british et lui servit sa commande avec un clin d’œil. Une brune sulfureuse et avec des formes dignes d’une madone. La plastique parfaite de la jeune femme, bien que très attrayante laissa très vite sa place à l’arrivée d’une tête blonde. Les regards se tournaient assez souvent sur son passage, sa tête était connue et se faisait reconnaître malgré ses quelques efforts de discrétion. Il s’installa à côté de Tristan et commanda. Tristan n’était pas timide, pas le moins du monde. Il ne comprenait absolument pas d’où pouvait bien sortir cet air de déjà vu, alors il posa la question qui lui semblait logique.

« On se connait ? »